Dès ma plus tendre enfance, j'ai été témoin des éloges qui s'élevaient en l'honneur de mon aïeul, louangé pour ses innombrables créations.
En effet, il avait le don de donner forme à des chefs-d'œuvre de menuiserie pour le bien de la famille. D'ailleurs, l'atelier abritait une multitude de machines dédiées à l'art du travail du bois.
Pourtant, aussi jeune que j'étais, ce qui m'émerveillait au plus haut point ne provenait pas de l'arôme envoûtant des diverses essences de bois, flottant comme un doux parfum dans l'air naissant de la sciure qui parsemait le sol.
Non, ce qui m'envoûtait véritablement, c'était cette lueur bleue énigmatique, un éclat rayonnant que l'on m'interdisait strictement de contempler dès ses premières apparitions.
Vous l'aurez compris, il n'était plus question ici d'ébénisterie, mais bien d'un tout autre domaine, celui de la ferronnerie.
Tourneur-ajusteur de métier, je n'ai pourtant jamais eu la chance d'observer personnellement les subtilités de l'art pour lequel il avait été formé. Malgré cela, j'ai eu le privilège de grandir entouré de ses créations métalliques.
À l'adolescence, alors que j'avais opté pour une éducation dans le monde de l'horticulture, mes intérêts se sont tournés vers la nature, les animaux et l'agriculture. Un domaine si vaste et varié qu'il a captivé toute mon attention, me faisant presque oublier mes premières passions.
Cependant, à la fin de mon apprentissage, j'ai été confronté à l'entretien et la réparation d'engins de culture. C'est là que ma fascination pour le travail manuel a rapidement pris forme.
En effet, contraint de faire preuve d'ingéniosité pour façonner ou réparer des outils lorsque l'industrie moderne semblait nous tourner le dos, j'ai rapidement été devant mon premier poste à souder.
C'est à ce moment précis que j'ai saisi l'essence même de la situation : il ne suffit pas de maîtriser les compétences d'un seul domaine.
C'est alors que je me suis tourné vers les traces de mon aïeul, et tout comme lui, j'ai acquis mes connaissances et compétences de manière autodidacte.
A peine majeur, les premières créations ont attiré l'attention de mes proches. Ferronnerie, menuiserie, maçonnerie, plomberie... autant de cordes à mon arc, héritage de celui qui m'a transmis bien plus qu'un simple métier : la satisfaction et la fierté de créer par mes propres mains.
À l'âge adulte, ma fascination pour la physique et la mécanique du mouvement s'est approfondie. C'est ainsi qu'une nouvelle passion a germé en moi, celle de donner vie à des sculptures métalliques animées par des mécanismes uniques.
Plongeant dans ce sujet, je me suis enfoncé corps et âme dans le monde industriel.
Aujourd'hui, une nouvelle vertu m'anime : celle de me concentrer sur ma première passion.
Ainsi, j'ai rangé bon nombre de mes outils pour me dédier pleinement à la ferronnerie, tout en conservant en mémoire les innombrables joies que j'ai vécues à travers les divers métiers que j'ai côtoyés.
Après avoir perfectionné mes connaissances, le projet est devenu clair : fusionner métal, bois, pierre et cuir pour donner vie à des œuvres d'art uniques, chacune portant en elle une histoire singulière.
Animé par une curiosité insatiable quant à l'origine des choses et profondément émerveillé par les créations humaines, en 2023, à bientôt 30 ans, j'ai donné naissance à "L'Homme à tout Fers". Dans cet humble atelier, chacune de mes créations découle d'une recherche minutieuse d'objets anciens auxquels je redonne vie en fusionnant habilement le métal avec divers matériaux nobles.