Ce cliché illustre l'arrivée de tire-bottes dans l'atelier, mettant en évidence les marques du temps sous la couche de rouille qui l'envahi. Au de-là de son aspect oxydé, cet objet issu d'un processus de fonderie d'acier, présente des imperfections au niveau de la jonction des deux moules, laissant croire que l'artisan du passé n'a peut-être pas pu achever son chef-d'œuvre.
Découverte de l'inscription au creux du moulage lors de la désoxydation par friction à la perceuse à colonne.
Résultat après désoxydation et ébavurage des imperfections du moule.
Traitement de l'acier à l'époxy
Il y a peu de temps, un ami m’a confié une mission tout à fait commune: la restauration de deux tire-bottes anciens. Alors que je me plongeais dans le travail de ces objets magnifiques, une étrange surprise m’attendait. Au fur et à mesure que je nettoyais l’oxydation qui avait patiné ces pièces avec le temps, une inscription mystérieuse a commencé à apparaître sous la couche de rouille : « N MARTIN A HUY 1854 ».
Intrigué et fasciné par cette découverte, j’ai suspendu mon travail... Qui était donc ce mystérieux N. Martin qui avait laissé sa marque en 1854 à Huy ? Quelle histoire se cachait derrière cet objet que je tenais entre mes mains ? Mon enquête sur l’origine de cette pièce allait me conduire sur les traces d’un célèbre fondeur du 19e siècle, ouvrant ainsi une porte sur un monde de mystère et de récits oubliés, m’immergeant dans une quête pour percer les secrets du passé
J’ai alors découvert que dans les années 1840, la famille Martin s’installe à Huy, établissant une forge et une petite fonderie de cuivre le long du Hoyoux. En 1854, Nestor Martin, fils de forgeron, ouvre sa propre fonderie de fer moderne, devenant le cœur du groupe Martin. Ils produisent initialement des objets communs, puis se diversifient vers des objets plus esthétiques. À partir de 1872, les cuisinières émaillées deviennent leur référence.
Nestor Martin se spécialise rapidement dans les cuisinières en fonte et impose une organisation industrielle efficace. Leurs produits, ornés du logo NMH (Nestor Martin Huy), sont devenus populaires en Wallonie et à l’étranger. Ils ont également diversifié leur production avec des produits émaillés et des ornements en fer forgé. Nestor Martin a déposé 32 brevets au cours de sa carrière d’artisan fondeur.
Mais qu’a-t-il bien pu se passer pour que ce magnifique tire-botte ne soit pas achevé par Monsieur Martin ? Les secrets du passé restent souvent enfouis, cachés dans les replis de l’histoire. Je pense que seule cette splendide pièce détiendra la vérité de son histoire fascinante, une histoire qui se mélange aux vicissitudes du temps.
Quoi qu’il en soit, j’ai ressenti une immense fierté à l’idée de compléter le travail de mon homologue, séparé de lui par près de 150 ans. Cette expérience m’a rappelé la façon dont l’art et le métier transcendent les époques, reliant le passé au présent d’une manière qui, à travers ce tire-botte, semblait presque magique. J’ai ainsi pu participer à la préservation de l’héritage laissé par Monsieur Martin, tout en ajoutant ma propre empreinte à cette histoire extraordinaire

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